Gastrites immuno-induites : incidence, caractéristiques et prise en charge - 20/11/21
Résumé |
Introduction |
Contrairement à la colite, effet indésirable immuno-induit (i-i) très fréquent sous inhibiteurs de checkpoints immunitaires (ICI), peu de données existent sur la gastrite i-i. Le but de cette étude était d’évaluer le risque de survenue de gastrite i-i et d’en décrire les caractéristiques clinico-histologiques et la prise en charge.
Matériel et méthodes |
Les patients de notre centre ayant eu un traitement par ICI entre 2010 et 2021 pour un cancer cutané et des biopsies gastriques concluant au diagnostic de gastrite étaient inclus rétrospectivement via des registres de codage.
Résultats |
Parmi 461 patients traités par ICI, 19 cas (10F/9H) de gastrite ont été identifiés soit un taux d’incidence globale de 4,1 % [IC95 % 2,6–6,4 %]. La gastrite survenait après un délai médian de 9 mois [1–62] chez des patients tous sous ICI pour un mélanome métastatique ou en adjuvant, 9 par ipilimumab ± nivolumab (7,1 % sous ce traitement), 8 par nivolumab (2,9 %), 1 par pembrolizumab (0,9%) et 1 par atezolizumab (100 %). Six patients (31,6 %) étaient asymptomatiques, 7 (36,8 %) étaient grades 3 CTCAE [grade médian 1 (1–3)], 7 (36,8 %) avaient une colite associée. Une gastrite minime à sévère ou des ulcérations étaient décrits à la fibroscopie dans 18 cas (94,7 %). À l’histologie, 10 patients avaient des lésions non-actives (52,6 %) et 8 des lésions actives (42,1 %), 5 (27,8 %) avaient des lésions sévères du fundus et de l’antre avec une destruction glandulaire massive. Le diagnostic histologique reposait sur la présence d’une infiltration intra-épithéliale massive de lymphocytes (LT) CD3+ et de polynucléaires neutrophiles (PNN), de LT CD8+ en intra-épithélial et de LT CD4+ en interstitiel, et en l’absence d’Helicobacter pylori. Les patients étaient tous traités par inhibiteurs de la pompe à protons en intra-veineux (IV) ou per os, ± corticothérapie IV ou per os (n=10 ; 52,6%), suspension des ICI (n=8 ; 42,1 %), et cure d’infliximab (n=3 ; 15,8%). La réintroduction du nivolumab (n=2) ne s’associait pas à une récidive de la gastrite clinique, une récidive était observée après réintroduction d’ipilimumab+nivolumab (n=1).
Discussion |
Nous rapportons un taux d’incidence globale de gastrites chez nos patients traités par ICI pour un cancer cutané de 4,1 %, ce qui correspond aux rares données de la littérature. Cette étude souligne que près d’1/3 des patients étaient asymptomatiques et dans plus d’1/3 des cas une colite était associée, rendant nécessaire la réalisation de biopsies gastriques en cas de colite i-i. Le diagnostic histologique repose sur une destruction glandulaire massive avec des PNN et une lymphocytose intra-épithéliale. Cette étude aide à définir la prise en charge diagnostique et thérapeutique de cet effet indésirable digestif probablement sous-évalué. En cas de grade 2 persistant ou 3, une corticothérapie générale et une suspension des ICI sont nécessaires. L’infliximab est à discuter au cas par cas.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Gastrite, Immunothérapie, Mélanome
Plan
Vol 1 - N° 8S1
P. A134-A135 - décembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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